La renaissance industrielle française grâce au nucléaire ?

 Par Christian Gayet et Michel Gay

Un grand mouvement politico-économique se produit depuis 2022 en Europe, accéléré par la secousse venue des Etats-Unis suite à l’élection de Donald Trump.

Après avoir placé les énergies renouvelables intermittentes du vent et du soleil (EnRI) au cœur de sa politique énergétique, l’Allemagne se trouve fort dépourvue après l’échec total de son « tournant énergétique » (Energiewende), et la France pourrait bientôt en tirer parti... si elle le voulait.

Les piliers s’effondrent

En effet, les trois piliers principaux de la stratégie allemande depuis la guerre, puis de la Commission européenne Bruxelloise téléguidée par l’Allemagne, se sont effondrés ces dernières années :

  • l'écologisme: cette vieille composante de la culture germanique depuis la nuit des temps imprègne l'Energiewende et le rejet du nucléaire (peuple de la forêt contrairement aux peuples méditerranéens),
  • le mercantilisme : germé au moyen âge, libéré par la réforme protestante et amplifié par la mondialisation des échanges et la spécialisation judicieuse de l'industrie allemande après la 2ème guerre mondiale,
  • et enfin le pacifisme, plus récent, qui s'est substitué au militarisme d'avant-guerre, mais tout autant maximaliste, car le fond romantique germain ne connait pas le juste milieu.

Cette stratégie Ecolo – Pacifico - Mercantile a culminé dans les années 2010 / 2020 avec un palmarès remarquable : réunification réussie, domination industrielle mondiale, finances publiques saines et pouvoir d'achat à la hausse par rapport à la France.

Mais elle a conduit à une triple dépendance, à la protection militaire américaine d'abord, puis au gaz russe, et enfin au marché chinois, dépendances qui se révèlent aujourd'hui fatales pour l’Allemagne « kaputt ».

La guerre en Ukraine et la crise énergétique qui a suivi ont mis en lumière l'impasse de leur politique « tout EnRI » qui commence à être rejetée par les voisins de l’Allemagne et font vaciller l’édifice.

L'élection de Donald Trump et son orientation prorusse et anti union européenne ont donné le coup de grâce à toute cette construction qui gît désormais éparpillée à terre.

 « Arx tarpeia Capitoli proxima » (la roche Tarpéienne est proche du Capitole) : après la grandeur et les honneurs, la déchéance peut venir rapidement.

Le mythe des énergies renouvelables s’effondre et il n'y a pas de « plan B » du côté de Berlin et encore moins de Bruxelles, sa succursale. La panique guette avec cette proposition récente (invraisemblable il y a encore 6 mois) du nouveau chancelier allemand Merz de se mettre à l'abri du parapluie nucléaire franco-britannique. Mais les Anglais étant dépendants des Américains pour la fabrication et l'utilisation de leur arsenal nucléaire, il ne reste plus que les Français pour disposer librement de leur force de dissuasion et pouvoir la mettre, éventuellement, à disposition de l'Europe dans des conditions qui restent à définir.

L’énergie au cœur de la renaissance française

L'énergie est au fondement de toute les activités humaines et surtout industrielles. Pour une économie et une industrie prospères, les sources d'énergie doivent être abondantes, pilotables à volonté, faciles d’utilisation et peu chères.

Alors que toutes les sources solaires, éoliennes, et hydrauliques sont limitées, voire au taquet, et que l'hydrogène « énergie verte » reste un rêve depuis 2 siècles, et pour encore longtemps, vouloir sortir des énergies fossiles dans 25 ans est une utopie dangereuse, et même mortelle.

Que reste-t-il comme source d’énergie abondante, pilotable, peu chère, disponible et durable ? Le nucléaire !

Et la France est le seul pays en Europe à maitriser toute la chaine du nucléaire civil et militaire !

Sans verser dans l’arrogance et la suffisance, il y a tout de même de quoi être fier des choix énergétiques stratégiques de la France dans le nucléaire par le passé. C’est aujourd’hui une opportunité historique pour la France de sortir de la dégringolade économique et de retrouver une place de leader industriel européen.

Le nucléaire français pourrait être la bouée de sauvetage de l’Union européenne, et notamment de l’Allemagne empêtrée dans sa désastreuse « energiewende ».

De nombreux pays européens comprennent maintenant l'impérieuse nécessité de lancer, ou de relancer, leur programme électronucléaire et se rapprochent de la France.

Réorienter les finances vers le nucléaire

Il est impératif, pour commencer :

  • D’arrêter immédiatement le gaspillage d'argent public dans les projets débiles d'éoliennes, de panneaux solaires photovoltaïques, voire d'hydrogène. Il s’agit de réorienter l’investissement européen sur le nucléaire comprenant l’allongement d’exploitation du parc de réacteurs actuels jusqu’à 60 ans et plus (80 ans ?), les nouveaux petits réacteurs (SMR), et les réacteurs surgénérateurs de quatrième génération à neutrons rapides (RNR).
  • Puis de renforcer la coopération européenne sur le nucléaire en l’élargissant à nos principaux partenaires afin de mutualiser nos moyens financiers et humains, tout en conservant en France certains points clés (fabrication des cuves, maitrise du combustible, ...).

Cette vision du futur et de la renaissance de l’industrie en France, grâce notamment au nucléaire dont la France possède sur son sol un immense gisement de combustible, devrait être présentée aux dirigeants politiques et à l'opinion publique.