Et si le nouveau plan Hercule était un bon projet pour EDF et la France ?
Par Michel Gay
Le nouveau projet « Hercule » prévoyant de séparer le nucléaire et l’hydroélectricité des énergies renouvelables intermittentes (EnRI) a peut-être des avantages cachés pour l’intérêt général des Français… et pour EDF !
Le véritable coût de l’électricité
Comme souvent en politique, l’hypocrisie domine dans les déclarations. Celle du Ministre de l’économie Bruno Lemaire le 23 avril 2021 n’y déroge pas. Il vante « en même temps » les EnRI et le nucléaire qui bénéficieraient tous les deux du plan « Hercule » (récemment débaptisé mais pas encore renommé) de réorganisation d’EDF.
Mais, pour une fois, il semblerait que ce plan gouvernemental (initié par Emmanuel Macron alors qu’il était Ministre de l’économie) soit dans l’intérêt général des Français.
En effet, il s’agirait :
- de séparer le bon grain (le nucléaire, l’hydraulique et le réseau d’électricité) de l’ivraie (l’éolien et le photovoltaïque) afin que la France récupère son autonomie de décision et se débarrasse de la tutelle trop pesante de la Commission européenne dans le domaine énergétique,
- d’éviter d’entrainer le nucléaire dans la faillite prévisible des EnRI lorsque les subventions, qui ne sont pas éternelles, baisseront. Au Canada, les éoliennes sont ferraillées au fur et à mesure de la diminution des subventions qui ne durent que 10 ans…
Le coût de production de l’électricité nucléaire dépend principalement du taux d'intérêt des emprunts pendant la longue phase de construction et d’exploitation des réacteurs nucléaires.
Mais si l’État propriétaire garantit ces prêts, alors ces taux seront plus faibles et le coût du nucléaire baissera au profit des consommateurs français.
Aujourd’hui, des dizaines de milliards d’euros de subventions de l'Etat sont fléchés vers l’éolien et le solaire et ne peuvent plus être investis ailleurs. Le privé semble mieux placé pour ces investissements déclarés rentables par les tenants de ces EnRI… tant que les subventions coulent à flot.
Mais cette rentabilité ne durera peut-être pas longtemps…
Le scandale est aussi celui du prix de vente de l'électricité nucléaire d’EDF à ses concurrents… qui ne produisent rien. Mais ils profitent de 25% de la production d’électricité nucléaire grâce à l’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH) qu’il serait bon de supprimer. Ce que le plan Hercule permettrait de réaliser.
Limiter les privilèges des EnRI privées
Les avantages actuels donnés au privé pour favoriser les ruineuses EnRI doivent être limités sur deux points :
- cesser de donner la priorité d'accès au réseau à l’électricité produite par les éoliennes et les panneaux photovoltaïques,
- soumettre les prix d'achat de l’électricité issue des EnRI aux contraintes du marché en supprimant les subventions et les « compléments de rémunération ».
En effet, étant subventionnées, le prix de vente des EnRI est faible. Elles se placent donc en tête dans l'ordre des coûts croissants, sauf quand les prix du marché sont… négatifs. Les producteurs éoliens et photovoltaïques ont alors intérêt à arrêter leurs machines pour ne pas payer les consommateurs !
Dans ce projet Hercule (l’ancien ou le nouveau), le diable réside probablement dans les détails.
Mais il se pourrait qu’il y ait de bonnes raisons (masquées pour le moment) de séparer les EnRI qui sont les habits écologiques, ou l’alibi écologique, du gouvernement, et le nucléaire qui est le pilier de la production autonome nationale d’électricité.
Cette séparation renforcerait la stabilité financière de ce dernier, redonnerait une autonomie de décision à la France vis-à-vis de la Commission européenne, et éviterait de l’entrainer à payer la future faillite prévisible des EnRI du secteur privé lorsque les subventions publiques cesseront.