Nucléaire : la relance ? En avant l’équipe de France !
Par Michel Gay
La relance actuelle du parc nucléaire français, bien que tardive, est une bonne nouvelle pour l’industrie et pour les Français. Mais sera-t-elle suffisante pour rattraper le retard pris pour une production d’électricité décarbonée, abondante et bon marché ?
Aligner les planètes
Si tous les acteurs marchent dorénavant dans la même direction, comme il y a 50 ans lors du grand lancement du nucléaire en France, pour constituer une équipe cohérente, alors oui la France sortira de l’ornière où l’ont conduit 20 ans d’incohérence, d’imprévoyance et de joutes politiques à courte vue pour cajoler un électorat vert minoritaire.
Cette relance du nucléaire français par la commande annoncée à Belfort, début 2022, par le Président de la République, de 6 réacteurs EPR, puis ensuite de 8 autres, est-elle trop molle dans sa mise en application ?
Le Ministère de la transition énergétique infiltré par les antinucléaires, et dont dépend le secteur énergétique en France, semble trainer des pieds. Il donne l’impression de d’œuvrer plus activement pour ériger des éoliennes et pour fermer la centrale nucléaire de Fessenheim que pour soutenir la relance du nucléaire.
L’Agence pour la maîtrise de l’énergie (ADEME), notoirement antinucléaire, ne s’agite guère pour produire une étude théorique « 100% d’énergie nucléaire » au même titre que son document idéologique « Un mix électrique 100% renouvelable en 2050 » aux hypothèses fantaisistes.
Le Réseau de transport d’électricité (RTE), ayant eu à sa tête de 2015 à 2020 un ancien député (François Brottes) promoteurs de la Loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) de 2015 qui envisageait la fermeture de 14 réacteurs en 2035, ne semble pas non plus pressé de lancer ses forces dans la nouvelle bataille pour promouvoir le nucléaire.
Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), bien qu’incluant le mot « atomique » dans son intitulé, semble davantage s’intéresser aux « énergies alternatives » qu’au nucléaire depuis plusieurs années. Son actuel administrateur général (François Jacq) ne semble pas vouloir modifier cette orientation.
Les 36 pages de papier glacé du journal du CEA vers ses personnels « Les défis du CEA » de septembre / octobre 2022 (bien après le discours du Président de la République à Belfort…) parle de tout (réchauffement climatique, communication quantique, imagerie cérébrale, photovoltaïque, réalité virtuelle, astrophysique, matériaux en couche ultra-mince, nanoélectronique, imagerie d'un crâne de mammouth, recherche sur les lasers, réseau électrique du futur, gaz et chaleur, anticorps monoclonaux thérapeutiques,…), mais pas un mot sur… le nucléaire !
Depuis plusieurs années, c'est la tendance, mais il y avait au moins un entrefilet de nouvelles nucléaires. Comment le personnel du nucléaire perçoit-il cette absence d’intérêt ?
Constituer l’équipe de France
Des consignes claires ont-elles été données aux grands corps de l’Etat avec vérifications de leur prise en compte, ou le gouvernement se paye-t-il de mots ?
Qui pilote ce grand programme annoncé de construction de 14 réacteurs nucléaires ?
Cette relance annoncée du nucléaire repose-t-elle sur une volonté molle ? Auquel cas, rien ne suivra derrière les effets de manches et les déclarations ne seront pas suivies d’effets !
Le renouveau efficace du nucléaire passe par un « réalignement des planètes » pour orienter tous les acteurs dans le sens de la nouvelle volonté présidentielle favorable au nucléaire. Il s’agit d’aligner durablement la limaille (les grands responsables de la production et de la distribution d’énergie) dans le sens du champ magnétique (la volonté politique).
La production énergétique devrait s’intégrer dans un grand Ministère de l’Industrie plein d’allant et ne plus dépendre d’un Ministère « antinucléaire » qui s’ingéniera au mieux à absorber les efforts comme une éponge et, au pire, à les saborder.
Comme disait un célèbre savant (Albert Einstein) : « Il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre ».
Alors, en avant la nouvelle équipe de France des bâtisseurs qui, pendant au moins 30 ans, devra construire une quarantaine de nouveaux réacteurs de type EPR pour succéder au parc des 56 réacteurs nucléaires existants !