Le sabordage du nucléaire fragilise la France
Par Michel Gay
Le gouvernement programme le sabordage de 14 réacteurs électronucléaires alors qu’il ne sait plus comment pallier la désindustrialisation du pays dont les Français découvrent l’ampleur catastrophique.
Sabordage (sabotage ?) de Fessenheim
Les 400 millions d’euros d’argent public qui seront versés à EDF pour la fermeture de Fessenheim et la perte de 5000 emplois indirects ne sauraient tenir lieu de solde de tout compte pour cette déprédation volontaire.
L’ardoise « Fessenheim » atteindra au moins 10 milliards d’euros pour la collectivité à raison de 1 à 2 milliards d’euros par an de surcoût de production de substitution, suivant l’hypothèse retenue de 10 ou 20 ans d’exploitation sacrifiée de cette centrale.
Le caractère pervers d’une transition énergétique parée de toutes les vertus n’a jamais été aussi flagrant qu’en ces temps de marasme imposé.
Subventions aux énergies renouvelables
L’effondrement des prix de l’électricité sur le marché de gros a augmenté mécaniquement le coût du soutien public aux énergies renouvelables disposant d’un tarif d’achat garanti sur la durée, de l’ordre 70 à 90 €/MWh pour l’éolien.
Avec un prix de marché naguère de 55 €/MWh, ce « soutien » financier était compris entre 15 et 35 euros par mégawattheure (€/MWh). Mais, avec un prix de marché aujourd’hui à 20 €/MWh, ce coût oscille entre 50 et 70 €/MWh !
Compte tenu des recettes en diminution de la Taxe Intérieure sur la Consommation de Produits Energétiques (TICPE) alimentant principalement ces subventions, l’État devra augmenter les impôts ou laisser un passif encore plus lourd à nos enfants.
Le soutien aux éoliennes s’élevait déjà à 5,2 milliards d’euros en 2019. Sa production ne couvre pourtant que moins de 7 % de la consommation française avec une puissance installée (16 GW) atteignant tout de même plus du quart de la puissance du parc nucléaire (63 GW).
Pour la seule année 2017, les citoyens de l’Union européenne ont déversé plus de 110 milliards d’euros de subventions sur l’éolien.
Le piège de la transition énergétique
Cette fallacieuse transition énergétique fondée sur des énergies renouvelables intermittentes (EnRI) cache un piège. Elle dissimule aux Français des lendemains toujours plus austères, inconfortables et « frugaux » car les EnRi représentent un poison qui tue la stabilité de notre approvisionnement électrique par le caractère fatal de sa production.
En situation de forte demande la production erratique des EnRI déstabilise l’équilibre nécessaire en permanence entre production et consommation d’énergie.
En revanche, en période de faible consommation, comme c’est le cas en ce moment, les EnRI révèlent leur incapacité à maîtriser la tension pour éviter l’écroulement du système électrique.
Et c’est justement dans cette période que la part de leur production grandit à cause de la priorité d’achat règlementaire sur toutes les autres productions.
Madame la Ministre Élisabeth Borne ignore-t-elle ce qui précède ? Est-elle incompétente ou volontairement aveugle par opportunisme ?
Son surréaliste discours le 30 avril 2020 à l’Assemblée Nationale fait froid dans le dos.
La transition vers 100 % de renouvelables, qu’elle semble souhaiter, place de plus en plus le système électrique à la merci d’un « blackout ».
Impulser une pédagogie au plus haut niveau
La ruine programmée de l’électronucléaire français constitue un facteur aggravant de la préoccupante situation économique et sociale du pays.
Le gouvernement détient le pouvoir de lancer une opération pédagogique sur la réalité de la production nucléaire en invitant le citoyen à regarder lucidement ses intérêts et à lutter contre les influences partisanes financières et idéologiques dans l’actuelle transition énergétique.
Cette impulsion en faveur du développement de l’énergie nucléaire permettrait de servir un pays fragilisé par la crise sanitaire, mais aussi et surtout par 20 ans d’errements au nom de la transition énergétique.