Le Parlement européen soutient le nucléaire pour le climat
Par Michel Gay
Sous l’impulsion de la nouvelle Présidente de la Commission européenne (Ursula von der Leyen), et dans le cadre d’un « green deal européen » soutenu par 1000 milliards d’euros (!) sur dix ans, le Parlement européen a adopté le 28 novembre 2019 un objectif de réduction de 55% (!) des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport à 1990 (résolution 24 et 25).
Il a également adopté ce même jour la résolution 59 indiquant que le nucléaire peut jouer un rôle significatif et durable dans la lutte contre le changement climatique.
Dans sa résolution 59, le Parlement européen :
- « estime que le nucléaire peut jouer un rôle dans la réalisation des objectifs climatiques car il n'émet pas de gaz à effet de serre et peut également assurer une part significative de la production d'électricité en Europe;
- estime néanmoins qu'en raison des déchets produits, cette énergie nécessite une stratégie à moyen et long terme prenant en compte les avancées technologiques (laser, fusion, etc.) visant à améliorer la durabilité de l’ensemble du secteur ».
Une tentative antinucléaire avortée
Un projet de résolution antinucléaire présenté par la commission de l'environnement du Parlement européen (ENVI), dont l’écologiste français Pascal Canfin est le président, avait appelé à une élimination progressive de l'énergie nucléaire dans l’Union européenne (UE), affirmant que celle-ci n'était "ni sûre, ni durable sur le plan environnemental ou économique".
Toutefois, cette position soumise à ENVI, semble-t-il, par une officine allemande, n'a pas abouti puisque le texte final prévoit au contraire le soutien du Parlement européen au nucléaire.
Le Parlement européen reconnaît ainsi le rôle que doit jouer le nucléaire à faible émission de carbone pour atteindre les objectifs de lutte contre le changement climatique de (UE) et assurer la sécurité d’'approvisionnement l’UE.
Le Groupement international d’expert sur le climat (GIEC) l’avait déjà reconnu le 6 octobre 2018.
L'UE est le plus grand importateur d’énergie fossile au monde (en important 55% de sa consommation) pour un coût annuel d’environ 400 milliards d’euros.
L’UE compte toutefois 126 réacteurs nucléaires représentant 26% de sa production totale d'électricité et… 50% de sa production d'électricité à faible émission de carbone ! L'utilisation de l'énergie nucléaire dans l'UE évite actuellement l'émission de 700 millions de tonnes de CO2 chaque année.
Les émissions mondiales augmentent
L’Union européenne représente moins de 10% des émissions mondiales. Dans son rapport de 2019 sur le « fossé des émissions » dans le monde, l’ONU constate que les rejets de CO2 continuent d’augmenter (+1,5 % par an en moyenne sur la dernière décennie). La Chine, par exemple, s’est dotée de 43 gigawatts de centrales au charbon (soit les 2/3 de la puissance nucléaire de la France) au cours des…18 derniers mois.
L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) indique dans son rapport annuel que la consommation d’énergie augmentera de 50% dans le monde d’ici 2050 et que les énergies renouvelables ne suffiront pas.
Pour répondre aux besoins grandissants d’énergie dans le monde au cours des prochaines années, la part de l’énergie nucléaire devra augmenter pour se substituer le plus possible à l’utilisation croissante… des énergies fossiles !
Sinon, l’ambition du Parlement européen de réduire les émissions de CO2 pour le climat (qui est mondial) serait au minimum irréaliste, pour ne pas dire farfelue.