Le nucléaire est un devoir moral
Par Michel Gay
La dramatisation outrancière des accidents de Tchernobyl (1986) et de Fukushima (2011) par la plupart des grands médias a conduit les antinucléaires à demander l'arrêt du nucléaire au nom d'une exigence morale !
Mais ne serait-ce pas le contraire ?
Mystifications et mensonges
Usant sans vergogne d’un cynisme efficace, les artisans de la mystification ne reculent devant aucun mensonge pour installer l’effroi de la radioactivité dans la conscience collective alors que d'autres moyens de production d'électricité comme le gaz ou le charbon s'avèrent beaucoup plus dangereux.
Même en cas d'accident grave en France, la radioactivité restera confinée dans l'enceinte des réacteurs et ne nécessitera pas de déplacement de populations.
La vaine attente des catastrophes nucléaires prophétisées par des antinucléaires en France et en Europe depuis des décennies est pathétique et l’aspiration au désastre pour soutenir leur croyance est détestable.
Les prodigalités énergétiques et les avantages environnementaux des 58 réacteurs nucléaires en France ne semblent pas en mesure d’ébranler des activistes prêts à enfourcher n’importe quel cheval de bataille pour dénigrer cette puissante source d'énergie sûre et durable.
Devant la sûreté des installations nucléaires, les théoriciens de l’apocalypse ont dû se résigner à un déclassement du pire. Ils doivent se contenter d'arguments centrés sur « l'accumulation irresponsable de produits radioactifs ». Les déchets sont devenus leur cheval de bataille, le péril héréditaire, l’infamie absolue, la honte d'une civilisation qui auparavant ne laissait aux archéologues que « des amphores à trouver » selon Nicolas Hulot (le 24 janvier 2020 sur M6).
Pourtant, la solution pérenne et sûre existe, même s’il n'y a pas d'urgence. C'est le projet Cigéo de stockage géologique à Bure, en attente de décision politique.
Les déchets nucléaires inclus dans des cylindres de verre puis confinés et stockés dans l'argile stable à 500 mètres sous terre ne seront jamais dangereux.
Culpabilité et repentance
Pour les adeptes d’un « rousseauisme » puéril (la nature est bonne), une immanente règle du vivant interdirait à l’homme de tirer parti des avantages offerts par la matière naturelle (l'atome). Ils considèrent que la transmission d’une planète viable aux générations futures doit se faire sans exploitation de l'énergie nucléaire et ils se sont donc fixés pour mission de faire triompher cette "exigence morale".
Peu leur importe que la maîtrise des techniques garantisse durablement la sécurité et l’absence de danger.
Ainsi, cette radioactivité serait plus redoutable pour le genre humain que l'arsenic, le souffre, le cadmium, le plomb et autres éléments naturels mortels dont la toxicité est éternelle. Des milliers de tonnes de ces produits sont dispersées annuellement sur terre, sans que ces oracles sentencieux ne s’en émeuvent particulièrement.
Qui a donné à ces prédicateurs le pouvoir de statuer sur notre avenir ?
Peur et propagande
Ces nouveaux prophètes vindicatifs réussissent pourtant à émouvoir la population et le gotha médiatique complaisant parce que l'émotion fait vendre. Escortés de quelques "experts indépendants" (mais pas désintéressés), ces antinucléaires, souvent rémunérés, s'emploient sans scrupule à apeurer méthodiquement l'opinion publique.
Ainsi, par exemple, ces nouveaux gourous ont cloué au pilori médiatique le professeur Pierre Pellerin.
Décédé en mars 2013, il avait été le directeur du Service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI) jusqu'en 1992. A ce titre, il avait eu « l’outrecuidance » de déclarer que le nuage radioactif de Tchernobyl n'aurait pas de conséquences sanitaires en France et qu'aucune mesure particulière n'était nécessaire.
Et il avait raison.
Cette affirmation exacte avait été transformée par un journaliste de FR3 en une phrase qui a eu du succès : « le nuage radioactif s’est arrêté à la frontière ».
In fine, la tribune de l’Histoire a rendu pleinement justice à Pierre Pellerin. Non seulement elle l'a lavé des extravagantes accusations dont les médias l'avait accablées et dont il a souffert, mais elle a aussi réhabilité son éminente compétence. Elle a révélé qu’il avait eu raison contre une démagogie et une idéologie antinucléaire aujourd’hui encore excessivement influentes au gouvernement et dans les instances européennes.
Ce surréaliste procès de l’expertise scientifique contestée par le dogme et l'idéologie rappellent des mœurs d’un autre temps. "E pur si muove !" (Et pourtant elle tourne ! / Galilée).
Cette propagande antinucléaire agressive auprès de l'opinion publique a durablement marqué la mentalité française et européenne.
Aujourd’hui, les partisans du nucléaire civil semblent représenter les nouveaux hérétiques distingués par le qualificatif de « nucléocrates » dans des reportages émotionnels à charge.
Le temps de la réhabilitation viendra-t-il ?
Valoriser les remarquables bâtisseurs de nos centrales nucléaires apparaîtrait presque indécent à nombre de médias et de politiciens. Se compromettre dans cette cause insulte leur sens moral, fût-ce au nom de la liberté fondamentale de permettre à tous les Français d'accéder à une énergie disponible et bon marché.
Si les Français et le monde veulent utiliser de l’électricité en utilisant le moins possible de combustibles fossiles (charbon, gaz, pétrole), alors le nucléaire est la meilleure source massive d'énergie.
Il manque aujourd’hui un homme d'influence, un nouveau Zola médiatique, un Messmer ou un De Gaulle pour dénoncer et fustiger la désinformation du milieu médiatique sur le nucléaire, et qui déclarerait :
« Oui, l'énergie nucléaire est une bénédiction pour l'avenir de nos enfants ! C'est un devoir moral de la France de mettre son expérience et son savoir-faire au service de son développement sûr et harmonieux dans le monde entier pour défendre le niveau de vie de l'humanité qui a besoin d'une électricité abondante et bon marché pour sa prospérité ».
Ce serait le prélude à un renouveau d'une pensée politique et médiatique… que de nombreux Français appellent de leurs vœux.