Le nucléaire est le meilleur pour le climat : seulement 6 gCO2/kWh !…
Par Dominique Grenèche et Michel Gay
La production d’électricité d’origine nucléaire émet beaucoup moins de gaz à effet de serre (GES) que l’éolien et que le photovoltaïque (PV) !
Le tableau libertin « L’origine du monde » du peintre Gustave Courbet semble avoir autant scandalisé les pudibonds en 1866 que le chiffre de 6 gCO2/kWh (6 grammes d’émission d’équivalent CO2 par kilowattheure) émis par l’électricité d’origine nucléaire effraie aujourd’hui les antinucléaires : « Non, ce n’est pas possible ?! » crient-ils en coeur.
Pourtant, si ! C’est vrai !…
Les chiffres sont de 6 gCO2/kWh pour le nucléaire, de 15 gCO2/kWh pour l’éolien (trois fois plus) et même de 55 gCO2/kWh pour le PV (presque 10 fois plus !) selon l’ADEME.
Un précédent rapport faux de l’ADEME
Dans son rapport « base carbone » de 2014, l’ADEME indiquait pourtant des émissions de 66 gCO2/kWh (page 93) pour le nucléaire en se référant à une étude de 2008 de Sovacool (1) et affectait une valeur de seulement 10 gCO2/kWh à l’éolien et 32 gCO2/kWh au PV.
Dans ce rapport de 2014, les émissions de CO2 du soleil et du vent étaient donc bien inférieures à ceux du nucléaire… selon ces données (fausses) à l’appui !
Toutefois, les émissions de CO2 fournies par l’ADEME aujourd’hui ont considérablement varié sur son site : le nucléaire n’émet plus que 6 gCO2/kWh et l’éolien (sur terre ou en mer) émet environ 15 gCO2/kWh. Pour le PV, « la valeur retenue sera arrondie à 55 gCO2/kWh avec une incertitude de 30%. Les valeurs issues des ACV (analyse des cycles de vie) sur les différentes technologies de mises en œuvre des systèmes photovoltaïques varient entre 35 et 85 g équivalent CO2 par kWh du sud au nord et selon les technologies ».
Une moyenne sans aucun sens !
La valeur proposée de 66 gCO2/kWh dans la précédente étude de l’ADEME en 2014 était simplement le résultat d’une moyenne arithmétique entre de multiples études dans le monde (une bonne quarantaine) disponibles sur ce sujet, et non une analyse du cycle de vie (ACV) en France.
Les résultats de ces études sont tellement disparates qu’une simple moyenne arithmétique n’a aucun sens !
En effet, les valeurs s’étalent entre 1,4 et 288 gCO2/kWh ! Soit un étalement multiplié par 200 !
Un étudiant présentant un tel résultat sur des bases aussi ridicules serait recalé à son examen...
L’un des postes qui pèse le plus dans ces écarts énormes est celui de l’amont du cycle, notamment les étapes d’enrichissement, avec des valeurs variant de 0,68 à 118 gCO2/kWh !
L’explication réside dans deux raisons principales :
- 1) la technologie de diffusion gazeuse (qui n’est plus guère utilisée aujourd’hui) consomme 50 fois plus d’électricité que la centrifugation actuelle,
- 2) l’électricité plus ou moins « carbonée » (issue du charbon, du gaz, ou du nucléaire) consommée par ces installations selon les pays.
6 g ou 66 gCO2/kWh ?
La question des 6 gCO2/kWh ou des 66 gCO2/kWh émis par le nucléaire français a été posée officiellement au gouvernement le 21 février 2019 par le Sénateur Gérard Longuet.
L’ADEME a répondu qu’il y avait eu une « erreur typographique »…
Mais, à la lecture de son rapport, cette explication est une tromperie. Cette agence de l’Etat français a sciemment essayé de faire admettre cette valeur « par effraction ». Elle fut d’ailleurs reprise avec délectation dans de nombreux articles visant à pourrir l’image du nucléaire.
Aujourd’hui, ce chiffre de 6 gCO2/kWh apparaît deux fois dans des écrits :
- 1) dans un gigantesque tableau EXCEL (35 colonnes et 14387 lignes…) de l’ADEME. Ce chiffre apparaît à la case « AH-1873 », ainsi que dans son étude « bilan des gaz à effet de serre » (GES) qui précise simplement que « Pour le calcul du facteur d'émissions moyen de la France, on réalise un mix des ACV des diverses centrales de production d'électricité au prorata de leur contribution ». Muni de ce tableau EXCEL, il est certainement possible de retrouver analytiquement ce chiffre de 6 gCO2/kWh,
- 2) dans un article du CEA (2) de mai 2014 indiquant précisément l’origine des données utilisées et des hypothèses faites, et présentant le tableau ci-dessous où apparait le résultat de 5,29 gCO2/kWh (qui peut-être arrondi à 6 gCO2/kWh).
Selon cette étude du CEA, les émissions totales de GES pour l’ensemble du cycle du combustible nucléaire sont donc estimées à 5,29 gCO2/kWh.
Ce résultat est dans la plage inférieure des données de référence internationales habituelles (3), (4), (5), (6).
Les principales contributions proviennent de l'exploitation des réacteurs (40%), des activités minières (32%) et de l'enrichissement (12%).
Les opérations d’élimination, de conversion, et de retraitement du combustible représentent respectivement 2%, 5%, et 7%. La fabrication du combustible et le démantèlement (qui n’est jamais pris en compte pour aucune source d’énergie, y compris renouvelable) ont un impact négligeable.
Des résultats enfin cohérents
Ces résultats sont cohérents avec ceux de la littérature scientifique, à l'exception de l'étape d'enrichissement pour laquelle les chiffres sont beaucoup plus faibles en France (entre 1,8 et 16 gCO2 / kWh) qu’ailleurs dans le monde. (7)
Cet écart s'explique par le fait que les usines d'enrichissement française ont toujours été alimentées avec de l’électricité d’origine nucléaire émettant très peu de gaz à effet de serre. L’ancienne usine EURODIF (fermée en 2012) nécessitait 3 réacteurs nucléaires alors que l’actuelle utilise une nouvelle technologie dite « par centrifugation » qui consomme 50 fois moins d’électricité, et toujours majoritairement d’origine nucléaire.
A titre d'exemple, si la fabrication de l'uranium enrichi utilisait de l’électricité produite uniquement par des centrales au charbon, les émissions de CO2 de l'étape d'enrichissement augmenteraient jusqu'à 55 gCO2/kWh (4).
Même l’ancien ministre de l’écologie François de Rugy commence à déclarer le nucléaire « bon pour la planète ». En résumé :
- Peur de l’effet de serre ?
- Passons au nucléaire !
En plus de produire une coûteuse électricité intermittente et aléatoire, l’éolien et le PV sont également nuisibles pour le climat.
Hors hydroélectricité, à quoi servent donc les énergies « renouvelables » !?
Références :
(1) Valuing the greenhouse gas emissions from nuclear power: A critical survey Benjamin K. Sovacool
(2) Assessment of the environmental foot print of nuclear energy systems.