Le gaz augmente de 7,45 % au 1er juillet : vive la transition énergétique !
Par Michel Gay
Après une hausse de 2 % en juin, le tarif réglementé du gaz augmentera de 7,5 % à partir du 1er juillet. Le gouvernement a été au-delà des 6,5% proposés par la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
Pour un ménage moyen se chauffant au gaz (20.000 kWh par an avec une facture de 1300 €), cette hausse se traduira par un surcoût annuel d’environ 100 euros (tout de même…).
Après avoir poussé les Français à se chauffer au gaz par la réglementation thermique 2012 (RT 2012) qui, en pratique, bannit l’électricité (à 75% nucléaire, horreur…), le gouvernement augmente les taxes sur les énergies fossiles dont le gaz (mais aussi sur le diesel et l’essence).
Hausse de la fiscalité
Cette augmentation s’ajoute aux hausses précédentes, particulièrement celle de janvier, qui visait à intégrer dans les tarifs la taxe intérieure de consommation sur le gaz naturel (TICGN), en hausse de… 44 %, et qui sert aussi à subventionner les énergies renouvelables.
Cette hausse, votée par le Parlement en 2017, va se poursuivre pendant les cinq prochaines années, pour atteindre… 172 % (!) d’augmentation cumulée en 2022.
Cette taxe finance notamment le chèque énergie de 150 euros, destiné aux 4 millions de foyers les plus modestes et la hausse importante de la contribution climat-énergie, aussi appelée "taxe carbone", qui est l’une de ses composantes.
« Pour un certain nombre de ménages, c’est déjà trop élevé, et pourtant, la facture continue d’augmenter », déplore Nicolas Mouchnino, chargé de l’énergie à l’UFC-Que choisir. Il faut aussi intégrer le fait que les tarifs de l’électricité ou du gaz vont continuer à augmenter et que les consommateurs ont intérêt à réduire leur consommation».
La sobriété forcée et heureuse est en marche !
Le gouvernement déclare à qui veut bien le croire (notamment la plupart des journalistes volontairement crédules pour être dans le sens du vent politique) que cette augmentation résulte de la hausse des prix du gaz.
Mais, dans la facture de gaz des Français, pour une consommation de 143€ hors taxes de gaz (par exemple) de mars à mai 2018 (tarif B1 réglementé), il faut ajouter 106 € de taxes diverses et d’abonnement, soit plus de…42%.
Au 01 juillet 2018, ce pourcentage augmentera de nouveau…
Les associations de consommateurs s’inquiètent pour les foyers modestes. L’Observatoire nationale de la précarité énergétique (ONPE) estime que 6 millions de ménages sont dans une situation de précarité, et la hausse des tarifs pourrait peser l’hiver prochain et effacer le bénéfice du chèque énergie déjà payé par tous les contribuables.
De manière bien hypocrite, le gouvernement se dit « vigilant aux coûts d’Engie et rappelle la nécessité de leur maîtrise ». Mais Engie ne fait répercuter les coûts des taxes décidés par le gouvernement et voté par le Parlement !
Ces taxes sont mêmes souhaités par le Ministère de la Transition écologique… et solidaire pour subventionner les chères énergies renouvelables et pour rendre inabordables les énergies fossiles afin que chacun s’en détourne !
Nicolas Hulot déclare le 29 juin au Conseil économique social et environnemental (CESE) que « la transition énergétique doit être solidaire, juste et équitable » mais il applique le contraire de ce qu’il prétend faire et cette schizophrénie ne semble pas le fatiguer.
Il déclare aussi que « l’énergie est le moteur de l’économie » et donc de l’emploi, mais il ne craint pas de la renchérir en appuyant sur l’accélérateur pour « passer à 40% d’énergies renouvelables en 2030 en levant les incertitudes sur le stockage d’électricité »
Les Français commencent (et ce n’est pas fini) à découvrir dans leur portefeuille les conséquences des décisions malheureuses qui ont été prises et qui vont continuer à être prise pour « accélérer » la transition énergétique vers le Nirvana des énergies renouvelables.
Dogme antinucléaire et foi absolue dans les renouvelables
Il est triste de constater que de nombreux responsables de la politique énergétique de ce pays obéissent à des dogmes ou à du politiquement correct. Ils oublient l’intérêt général et le bien être des Français sous couvert de discours doucereux et mielleux.
Le plus important pour eux semble être la réduction coûte que coûte du nucléaire. Pourtant, cette politique énergétique présente de nombreux inconvénients :
- - pas de réduction des émissions de CO2,
- - forte augmentation du coût de l’électricité,
- - forte augmentation des taxes sur les énergies fossiles pour subventionner les renouvelables,
- - pari fou sur la résolution l’intermittence de l’éolien et du solaire qui est loin d’être gagné et ne le sera peut-être jamais.
Il est triste de constater que les avertissements répétés des structures compétentes comme l’Académie des Sciences ou l’Académie de Technologie ne sont pas prises en compte en priorité afin d’alimenter les propositions faites aux décideurs politiques. Toutes les opinions ne se valent pas, surtout dans des domaines aussi techniques que l’énergie, même en démocratie.
« Le pire ennemi de la vérité n’est pas le mensonge mais la croyance » (Nietzsche).
Beaucoup de Français semblent séduits par la perspective de systèmes de réseaux locaux de chaleur, d’hydrogène et d’électricité, combinant des productions réparties chez les consommateurs (les « prosumers ») sans voir les conséquences financières globales.
Les industriels sont aux aguets pour ramasser de juteuses subventions sur le dos des contribuables (100 millions d’euros jetés pour promouvoir une utopique civilisation hydrogène) et les sociologues voient là de beaux champs de recherches.
L’argument suprême qui soutient cette vision étant que l’évolution vers la responsabilisation individuelle, la montée du « local », est inéluctable car portée par un mouvement de fond. C’est pourtant, au contraire, la mise en commun centralisée qui est solidaire et économique.
Cette « connaissance commune immanente », ce consensus mou non argumenté ne serait plus discutable car « il va de soi ». Cette « évidence » est sans doute aussi puissante et toute aussi difficile à combattre que la peur de l’accident nucléaire.
Tout va très bien Madame la Marquise, le Docteur Folamour est aux manettes du bateau France.
Un peuple peut courir à la catastrophe vers un gouffre (financier) comme les moutons de Panurge, mais à la condition d’être bien informé sur les dépenses et les conséquences.
Or qui présente au peuple des scénarios qui cherchent à minimiser les dépenses, notamment de gaz et d’électricité, et à maximiser le bien-être des Français ?