La France verte est-elle compétitive ?
Par Michel Gay
La France est classée quatrième pays « le plus vert » du monde par une étrange étude publié le 25 janvier 2021 par la revue de l’université « Massachusets Institute of Technology » (MIT) aux Etats-Unis.
Mais ce classement « vert » la place-t-elle encore parmi les pays compétitifs ?
Un classement bien étrange…
Cette étude est étrange car elle prend en compte quatre critères pondérés dont le résultat final se fonde pour une large part (40%) sur les « intentions » des gouvernements de devenir « verts » (notamment dans l’hydrogène !?), plus que sur les résultats constatés.
Au bilan global, malgré sa 13e position pour ses faibles émissions de carbone, sa 57e position pour sa « société verte », et sa 62e position pour sa transition énergétique, la France se retrouve en 4e position mondiale grâce à sa « bonne intention » de politique climatique classée deuxième au monde…
Selon cette étude, en haut du podium, se trouvent l’Islande, le Danemark, la Norvège pour leurs énergies vertes.
L’Allemagne qui serait, selon la majorité des écologistes « en avance » sur la France est classée en 11e position…
Et malgré leurs immenses champs d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques, l’Espagne et l’Italie sont classés respectivement 18e et 22e.
Cette 4e place providentielle pour le gouvernement français permet à Emmanuelle Wargon (la Ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique) de pérorer à l’Assemblée nationale le 6 avril : « Ce classement, c’est un classement qui rend hommage à tous les efforts qui ont été faits en particulier dans cette mandature ».
Comme souvent en politique, seul l’affichage compte pour pouvoir se pavaner auprès des électeurs de moins en moins crédules. Tout est bon pour manipuler la réalité au lieu d’agir pour servir les Français.
Le gouvernement n'a certainement pas œuvré pour réduire les émissions de CO2 et de gaz à effet de serre en plantant des éoliennes et en important des panneaux photovoltaïques.
Pourtant le compte Twitter d'En Marche publie : « L’écologie telle que nous la prônons, c’est celle de l’action et des résultats ».
Parmi les « âneries » et décisions scandaleuses, l'arrêt purement politique de la centrale de Fessenheim qui coûtera 4 milliards d’euros aux contribuables pour indemniser EDF. Cet « oukase » présidentiel a conduit à brûler plus de charbon et de gaz cet hiver, y compris par le biais des importations d’autres pays frontaliers (incluant l’Allemagne) dont l’électricité est plus carbonée qu’en France, et donc à accroître nos émissions de CO2 (en plus de la pollution).
Un engagement irréaliste…salué !
La France ne pourra pas tenir son engagement irréaliste de faire baisser ses émissions de CO2 car elles sont déjà faibles (ce serait vouloir tondre un chauve), notamment grâce à sa production décarbonée d’électricité principalement nucléaire et hydraulique.
En revanche, l'Allemagne parviendra aisément à réduire ses émissions en remplaçant ses centrales électriques à charbon qui émettent 900 grammes de CO2 par kWh produit (gCO2/kWh) par des centrales à gaz qui en émettent deux fois moins (400 gCO2/kWh), mais encore 70 fois plus (!) que les 6 gCO2/kWh du nucléaire. Et tout le monde la félicitera, alors que ce pays est l’un des plus gros producteurs de CO2 de l'Union européenne !
Cherchez l'erreur...
Par sa taille modeste et sa production d’électricité déjà décarbonée, la France ne représente que 0,9 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et ses habitants sont individuellement parmi les moins émetteurs de CO2 des pays industrialisés. Réduire ses émissions de CO2 de 50%, ou totalement, passera inaperçu et induira en plus un coût insupportable pour une majorité de Français en détruisant l’économie du pays. Les « décroissantistes » verts crieront victoire mais l’enfer « vert » pourrira la vie des autres.
Vouloir faire croire que la France montrera l'exemple en se sacrifiant est une pure « sottise » et conduira à une catastrophe.
Toutefois, l’auteur principal de l’étude du MIT, Ross O'Brien, considère que la politique (qu’elle soit climatique ou non) ne repose que sur les intentions déclarées, aussi appelées « engagements pris », et non sur les résultats observés : « On ne délivre pas une médaille au gouvernement français. L’étude ne dit pas que la France est verte aujourd’hui, elle dit que la France a posé les fondations pour devenir un pays très vert dans le futur. »
Les Français sont contents et fiers…
Vive le nucléaire ?
Bien entendu, personne n’évoque les 70% d’électricité nucléaire décarbonée dans la production française. L’étude du MIT réussit même la performance de ne pas citer une seule fois le nucléaire bien qu’elle évoque 20 fois les « énergies propres ».
Ce mix électrique décarboné à bas coût en France, grâce surtout au nucléaire et à l’hydro-électricité (85% de la production à eux deux), participe largement à la compétitivité des industries et au niveau de vie élevé des Français.
Il contribue aussi au bon résultat d’une France à la fois verte (au moins selon cette étude) et (encore) compétitive, mais qui le devient de moins en moins au fur et à mesure du déploiement des ruineuses énergies renouvelables intermittentes importées au détriment du nucléaire dont le gouvernement prévoit de diminuer la part…
Le gouvernement et les politiciens en général prendront-ils encore longtemps les Français pour des benêts avec leurs ridicules effets de manche ?