L’écologie chinoise écrasera l’occident
Par Jean-Pierre Riou et Michel Gay
Les sommes gigantesques consacrées à « l’écologie » dans le monde intéressent la Chine au plus haut point. Quels sont les ressorts cachés mis en œuvre par ce pays et leurs conséquences géopolitiques ?
L’embuscade chinoise
Le mécanisme de développement propre (MDP) ou « Clean Development mechanism » (CDM) permet aux pays industrialisés de polluer chez eux à moindre coût grâce à des investissements supposés diminuer les émissions de CO2 dans les pays dits « en développement ».
Chaque tonne de CO2 ainsi réputée évitée donne droit à un certificat qui autorise l’émission équivalente dans le pays industrialisé concerné. C’est malin et pernicieux.
Dès l’instauration de ce mécanisme, la Chine a proposé des conditions avantageuses qui ont attiré presque 60% des investissements jusqu’en 2013, ce qui en a fait un des principaux fabricants d’éoliennes, et le numéro un des panneaux solaires.
En 15 ans, 300 milliards de dollars ont ainsi été investis par les industriels dans les pays considérés « en développement » au plus grand bénéfice de la Chine. Environ 84 000 mégawatts (MW) éoliens ont été financés en Chine par les pays « industrialisés » motivés par la rentabilité des allocations de droits d’émissions supplémentaires.
Dès 2012, un rapport du "China Institute" voyait dans ces échanges l’occasion pour la Chine d’affirmer son leadership international et constatait avec cynisme :
« Les entreprises chinoises voient par ailleurs, dans ce mécanisme, un moyen rapide d’obtenir des équipements de pointe, alors qu’elles ne disposent souvent pas des connaissances techniques nécessaires à leur maintenance sur le moyen et long terme.
Quant aux entreprises occidentales, elles sont naturellement attirées par les économies que représentent les crédits carbones en leur permettant de polluer à moindre coût, plutôt que par le bénéfice socio-environnemental des projets MDP. »
Ces projets sont localisés dans les régions offrant les conditions financières les plus intéressantes pour les investisseurs étrangers, et non celles qui en avaient le plus besoin.
La Mongolie intérieure a notamment concentré la plus grande partie des projets éoliens. Elle est ainsi devenue la province qui a le plus d’excès de capacité de Chine avec 75 000 MW de puissance installée pour une demande de pointe de 20 000 MW. Cette disparité entraine de grandes pertes d’électricité éolienne, le réseau électrique chinois n’étant pas prévu pour ces excès.
Ces droits à polluer ont largement participé à la chute du cours du carbone jusqu’à dissuader l’Europe d’investir dans sa propre modernisation qui aurait pourtant réellement fait baisser ses émissions.
Le retour de bâton chinois
Après avoir été confrontée à cette surproduction et au gaspillage éolien, la Chine a mis un coup d’arrêt à son développement photovoltaïque.
La Chine investit désormais massivement dans l’éolien européen et domine le marché des énergies vertes. Les industries européennes sont incapables de rivaliser avec le matériel chinois. De nouvelles dispositions lui permettent de casser le marché européen du panneau photovoltaïque.
D’autre part, l’arrêt de leur développement en Chine entraine d’importants stocks à écouler à l'étranger.
Le quasi-monopole chinois des terres rares, dont les énergies vertes sont gourmandes, achève de condamner l’avenir de nos industries.
Ainsi disparaîtront les emplois verts pourtant subventionnés en Europe, après en avoir eux-mêmes supprimé des milliers dans d'autres secteurs.
Pékin Moscou, la dangereuse route de la soie
Le nouvel axe Pékin-Moscou enfante une nouvelle route de la soie destinée à bouleverser le commerce mondial à son avantage. Elle referme sur de nombreux pays le piège de la dette vis-à-vis de la Chine qui permet à celle ci de racheter des pans entiers de leurs infrastructures.
La production massive et bon marché d'énergie est le nerf de toute guerre économique. La Chine entreprend désormais d’acheter l’Europe de l’énergie alors que les subventions européennes massives aux énergies intermittentes ruinent son système électrique.
Le syndrome de la fuite en avant
Nos responsables politiques n’ont-ils pas encore perçu le danger ? Sont-ils paralysés par l’entrave d'une opinion publique aveuglée par la nouvelle religion verte ?
La carotte du jardin d’Éden et le bâton de la fin du monde trouvent jusqu’à présent un écho médiatique plus puissant que n’importe quel avis argumenté.
De nombreux rapports rigoureux et ignorées dénoncent l’inefficacité des choix retenus et l’impasse vers laquelle ces orientations nous mènent.
La fuite en avant semble sacralisée par la volonté folle de rendre ces choix irréversibles.
Angela Merkel, alors patronne du CDU, aurait déclaré le 29 octobre 2004 :
« À la longue, il y aura tellement de profiteurs de l’énergie éolienne qu’il deviendra impossible de trouver une majorité pour en limiter le développement ».
Le nécessaire retour à la Raison
Le crédo écologique répond à un besoin, mais ce n’est qu’en renouant avec la science et le progrès technologique que son expression politique peut encore espérer éviter le pire à la France et à l’Europe.
Il est du devoir de nos élites de ne pas céder davantage à la pression mystique de leur électorat qui conduira la Nation au chaos, et de lui faire prendre conscience que le monde, tel qu’il le rêve, n’est pas celui qui s’annonce, notamment face à la Chine « écologique »...