Incurie énergétique : William-Saurin délocalise
Par Michel Gay
Coup de tonnerre dans l'alimentaire
Le 07 décembre 2022, le groupe alimentaire Cofigéo (William Saurin, Garbit, Raynal, Roquelaure et Zapetti) a annoncé la fermeture de quatre usines (sur huit en France) dès le 2 janvier 2023, ce qui représente environ 80% de sa production.
Il y a quelques jours, son président, Mathieu Thomazeau, évoquait « un point de rupture » en parlant du mur du coût de l’électricité et du gaz, et l'impossibilité pour ses conserveries françaises de continuer à fonctionner au vu des prix de l'énergie.
De nombreuses entreprises françaises, notamment dans l’agroalimentaire, s'apprêtent à affronter, une tempête économique.
Une décision actée.
Les sites de Capdenac (Aveyron), de Pouilly-sur-Serre (Aisne), de Camaret-sur-Aigues (Vaucluse) et de Lagny (Marne) seront mis à l’arrêt
800 des 1200 salariés se verront appliquer un accord d'activité partielle de longue durée (APLD).
« Cette décision a pour objectif de faire face à la hausse spectaculaire des coûts d'énergie (gaz et électricité nécessaires à la cuisson et à la stérilisation des plats et recettes cuisinés), qui seront multipliés par 10 dès le début de l'année » a indiqué le groupe dans un communiqué.
Ce groupe international va-t-il délocaliser dans des pays où le coût de production est moins élevé ?
Facture énergétique trop élevée
Déjà la semaine dernière, Cofigeo, qui réalise 330 millions d'euros de chiffre d'affaires dont 90% en France, avait alerté sur l'envolée de sa note énergétique au 1er janvier 2023. « Elle passera du jour au lendemain, de 4 millions à 40 millions d'euros » chiffrait auprès du Figaro son président (Mathieu Thomazeau).
Le groupe insiste sur « l'impérieuse nécessité de répercuter ces vagues d'inflation qui vont s'amplifier dès le premier janvier avec la fin de nos couvertures énergétiques ».
Depuis le 1er décembre 2022, distributeurs et industriels de l'alimentaire sont ainsi en discussions pour fixer les prix pour 2023. Une revalorisation « sensible » est prévue au vu des prix du gaz et de l'électricité.
Jusque-là, hormis quelques acteurs de l'industrie lourde comme Duralex, aucun fabricant de l'alimentaire n'avait pris une décision aussi radicale. D'autres groupes agroalimentaires pourraient être en grandes difficultés en 2023, fragilisant encore un peu plus le tissu industriel français.
Où sont les responsables du désastre ?
Le prix de l’électricité a commencé à exploser (+ 48% en 10 ans entre 2011 et 2021) bien avant la guerre en Ukraine qui n’a été que le révélateur en accélérant une situation déjà malsaine.
Le Point du 26 octobre 2022 donnait quelques pistes dans un article retentissant de Géraldine Woessner : Electricité : enquête sur une débâcle ».
Y figurent en bonne place : Dominique Voynet (qui s’est vantée d’avoir sabordé le nucléaire à Bruxelles), Ségolène Royal, Barbara Pompili, Corinne Lepage ainsi que des dizaines d’autres politiciens et activistes « influenceurs ».
Les Français, écœurés par tant de bêtises cumulées depuis 20 ans, semblent tétanisés par l’ampleur du désastre orchestré par des incompétents pusillanimes ou, pire, par des idéologues assouvissant leur haine de l’industrie et du capitalisme en détruisant la production d’énergie abondante, stable et bon marché, notamment nucléaire, à la base de la civilisation moderne.
Que font les grands médias (à l’exception de quelques-uns comme C-news, Europe 1, RMC) qui ne placent pas les politiques devant leurs contradictions ?
Une politique des chèques (d’échec ?) puisés dans la poche des contribuables / consommateurs et redistribués à tous les vents tente de colmater les brèches par où pourraient fuir les colères populaires.
Cette politique à courte vue vise à masquer un échec total dû à un amateurisme au plus haut niveau de l’État dans la gestion du pays. Suffira-t-elle à contenir le désespoir grandissant devant tant de sottises et de cécité ?
La destruction des moyens de production d’énergie et le sacrifice du nucléaire par une cohorte « d’apparatchiks » européens (dont François Hollande) pour conquérir ou se maintenir au pouvoir au risque d’une guerre civile rappelle douloureusement la célèbre phrase de Churchill (après les accords de Munich en 1938 sacrifiant la Tchécoslovaquie sur l’autel d’une paix illusoire) :
« Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre ».