Déchets (nucléaires ou non) : vivons-nous dangereusement ?…
Par Michel Gay et Patrice du Puy-Montbrun
Nous vivons dangereusement, le plus souvent sans le savoir, car les déchets de tous types sont dangereux !
Il y a danger et danger…
La pollution par déchets radioactifs semble être un sujet infiniment plus grave que les morts consécutifs à des expositions ou des explosions chimiques.
Ainsi un terril de déchets de charbon a explosé en 1975 dans le Pays de Galle (Calonne-Ricouart, 6 morts) en répandant largement ses déchets de poussières toxiques et… radioactives car le charbon est aussi radioactif !
Les déchets radioactifs répandus par les explosions aériennes des bombes atomiques 1945 (une explosion tous les trois jours durant toute l’année 1962) ne semblent pas avoir affecté le troisième âge actuel qui vit de plus en plus vieux, et qui a pourtant passé sa jeunesse à manger des salades radioactives et à boire du lait qui ne l’était pas moins.
Cette radioactivité (inoffensive, voire bénéfique pour l’humanité) n’a fait que s’ajouter à celle, naturelle, de la Terre dont presque la moitié provient du gaz radon.
Dans les massifs granitiques radioactifs, (particulièrement Bretagne, Massif-central et Alpes), ce radon radioactif remplit les caves des maisons et immeubles dont les habitants se portent bien, et peut-être mieux que les autres grâce à cette radioactivité ambiante plus forte qu’ailleurs en France.
Un monde fortement radioactif
Le monde entier est naturellement irradié en continu.
Faut-il trembler pour les plus fortunés qui vont prendre leurs vacances au Kerala en Inde (splendides plages dix fois plus radioactives qu’en France), ou pour les habitants de Ramsar, en Iran, dont le sol est cent fois plus radioactif qu’en France ?
Faut-il aussi s’inquiéter pour les curistes de Berthemont-les-Bains et de ceux d’Evaux-Les-Bains dont les eaux radioactives du Mercantour (comme de la plupart des stations thermales) sont officiellement vantées pour leurs bienfaits ?
« Sulfurée, sodique, tiède, siliceuse, radioactive, l’eau sort naturellement à une température de 29 °C des roches cristallines du Mercantour. Ces eaux (radioactives) sont particulièrement indiquées pour les traitements anti-effort, dépressions et modifications du système nerveux, le radon ayant des caractéristiques sédatives et antalgiques ».
Que penser aujourd’hui d’une agence d’État (l’ADEME) et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire chargés de soustraire les Français aux effets réputés « néfastes » (semble-t-il à tort aux doses habituelles) du radon radioactif ?
Le radon est même utilisé comme thérapie dans certaines grottes du Montana (Etats-Unis) et en Autriche (tunnel thérapeutique du Gastein) !
Déchets nucléaires
La majorité en volume des déchets radioactifs sont à courte durée de vie et sont aujourd’hui stockés définitivement en toute sécurité.
Ceux à longue durée de vie, aujourd’hui entreposés aussi en toute sécurité à La Hague, seront stockés définitivement dans quelques années sans aucun problème à 500 mètres de profondeur dans des couches géologiques à Bure.
Un seul Français a-t-il eu un problème avec ces déchets à longue durée de vie ? (Réponse : non).
Agiter des épouvantails
Pour autant, le pseudo épouvantail des déchets nucléaires (de tous les déchets, dont ceux de la médecine, des industries alimentaires, des laboratoires de recherche, …) est régulièrement agité pour faire peur à la population.
Dans le même temps, d’autres sujets de préoccupations plus graves et plus sérieux comme la production de CO2 et les poussières fines émises par les centrales thermiques allemandes (fonctionnant essentiellement au charbon et au gaz) sont passés sous silence car ce pays « écolos » est réputé vert,… à tort.
En revanche, personne ne semble craindre les déchets dangereux de durée de vie illimitée du cadmium (des piles), du plomb (qui décore les verres de couleur appréciés des enfants), des milliers de tonnes de plomb toxique (des batteries de voiture non correctement recyclées) qui sont rejetés dans la nature chaque année.
Sans compter les résidus de médicaments, de plastiques, de métaux lourds, de pesticides, les perturbateurs endocriniens (alkyphénols, phtalates, bisphénol, parabènes, triclosan, hydroxyanisol butylé, butylhydroxytoluène, etc…), allégrement diffusés quotidiennement dans la nature et présents dans l’eau potable du robinet, les aliments, et les cosmétiques.
Vouloir faire peur avec les déchets, nucléaires ou non, est un vaste programme aux ressorts infinis.
C’est une tromperie des antinucléaires de faire feu de tout bois pour effrayer les populations avec les déchets nucléaires à vie longue (et non illimitée comme les déchets chimiques) qui seront stockés définitivement dans des couches géologiques stables à Bure, et qui ne feront jamais aucun tort à personne jusqu’à la fin du monde (4,5 milliards d’année).