500 millions d’amende pour les Français ? Ils sont fous ces Européens !
Par Michel Gay
Selon Le Point, un « conseiller » gouvernemental avouerait que, en application d’une directive Européenne de 2018, la France risque une forte amende de 500 millions d’euros pour ne pas avoir suffisamment développé les énergies renouvelables (EnR), notamment éoliennes et photovoltaïques.
La France a 40 ans d’avance
La France a 40 ans d’avance dans le domaine de la transition énergétique, notamment dans la production d’électricité décarbonée grâce au nucléaire.
Mais peu importe que la France soit l’un des pays Européens qui émet le moins de CO2. Elle est menacé d’être condamnée. En revanche, les pays qui ont installé beaucoup d’EnR mais qui relancent le charbon à tour de bras, et qui émettent beaucoup plus de gaz à effet de serre par habitant, comme l’Allemagne, ne sont pas aujourd’hui visé !
La Commission européenne marche sur la tête, même si vouloir condamner la France pour non-conformité à ses engagements peut se concevoir d’un point de vue juridique.
Mais quel sens y-a-t-il en 2022 à condamner le défaut de respect d’objectifs servis sur un plateau par les lobbies écolo-politiques (notamment au Grenelle de l’environnement en France, en 2007) et adoptés sans réflexion suffisante ?
L’expérience montre en effet que les EnR n’ont pas les vertus « vendues » à l’opinion et aux gouvernants soumis aux mêmes mantras vantant des ressources sans limite, gratuites, abondantes, et promises à une baisse de prix.
Des objectifs inutiles
Depuis le début des années 2000, des idéologues écologistes ont soumis l’opinion publique à un matraquage médiatique sur les bienfaits des EnR. Leurs discours relayés par des médias hypnotisés et complaisants, voire engagés dans la même voie, ont convaincu les politiques que l’éolien et le photovoltaïque, notamment, seraient la solution à tous les maux de la planète et aux risques du nucléaire civil.
Au diable les hydrocarbures et le nucléaire qui sont pourtant les moteurs essentiels du développement des pays riches ! Les nouvelles EnR sont La Solution aux problèmes de changement climatique… en y ajoutant la « sobriété » (forcée ?)
Plus de 20 ans de « révolution énergétique » et autre « energiewende » outre-Rhin, ont montré que ces concepts fondés sur les EnR ne sont que des balivernes.
Les centrales à combustibles fossiles et nucléaires resteront indispensables encore longtemps pour garantir la continuité de la fourniture d’électricité en toutes circonstances. Encore faut-il que leur capacité en puissance soit adaptée au niveau des besoins des nations, particulièrement lors des pointes de consommation d’électricité (dont la puissance appelée atteint 84 gigawatts (GW) en Allemagne et 102 GW en France).
Les EnR aux productions aléatoires, intermittentes et faibles (24 à 25% de productivité annuelle pour l’éolien terrestre), voire très faibles (9 à 15% de productivité annuelle pour le photovoltaïque), et non pilotables, sont inadaptées aux besoins instantanés des nations. Elles demeureront inutilisables sans recours à des moyens supplémentaires (productions conventionnelles, importations massives, ou recours à d’immenses stockages-déstockages locaux).
Les échanges massifs d’électricité aux frontières (encouragés par la Commission européenne) pour assurer la sécurité du réseau électrique représentent un pari fou. Tous les pays sont incités à multiplier les mêmes EnR (l’éolien et le photovoltaïque) soumises des conditions météorologiques souvent homogènes dans toute l’Europe de l’ouest. Le vent peut s’essouffler partout et les nuits y sont longues et le soleil faible en hiver.
N’est-il pas temps de reconnaître l’impasse dans laquelle se sont engagés l’Allemagne, l’Italie et d’autres suiveurs à l’instigation des antinucléaires qui voudraient entrainer tous les pays européens à se fourvoyer sur ce chemin chaotique ?
N’est-il pas temps, quels que soient les moyens utilisés, de se focaliser sur le seul objectif important affiché : la réduction des consommations de gaz de charbon et de pétrole, donc concomitamment de CO2 ?
Selon la célèbre formule popularisée par le leader chinois Deng Xiaoping en 1961« Peu importe qu’un chat soit blanc ou noir, s’il attrape la souris, c’est un bon chat ».
Mais les politiciens « verts » européens veulent imposer des technologies et en interdire d’autres (dont le nucléaire) au lieu de laisser les techniciens compétents trouver des solutions adéquates pour réduire les consommations d’énergies fossiles et les émissions des gaz à effet de serre.
La France en avance
La France, et notamment EDF grâce à ses centrales nucléaires et ses barrages, contribue depuis 40 ans à la baisse des émissions de CO2. Elle mériterait des primes ou des récompenses plutôt que des amendes. EDF a sans doute évité l’émission de 6 à 8 milliards de tonnes de CO2 par rapport à un mix sans nucléaire.
Il faudra bien un jour faire le procès des écolos-menteurs, des promoteurs d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques, ainsi que des lobbies aveugles (ou consentants). Les marchands de gaz et de charbon, se réjouissent, bien convaincus (eux !) que les faiblesses intrinsèques des EnR et leurs insuffisances nécessiteront l’appui de leurs centrales électriques conventionnelles.
La France a accepté (comme les autres pays européens) l´objectif « 3x20% » à l´horizon 2020.
Mais pour faire mieux que les autres, le gouvernement français de cette époque a annoncé fièrement (et imprudemment) une part de 23% ENR d´ici 2020. Il a même augmenté cette part à « 33% au moins » d’EnR pour 2030 (loi Energie-Climat de 2019), alors que l´objectif actuel de la Commission est 32% (directive UE 2018/2021 du 11 décembre 2018).
L´Allemagne avait obtenu après discussion seulement 18% pour 2020 et 30% pour 2030.
Aujourd’hui, dans le cadre du paquet « Ajustement à l´objectif 55 » (Fit for 55), la Commission européenne a proposé de faire encore mieux (ou bien pire ?) et de porter l´objectif de la part des ENR dans la consommation finale à 40 % d´ici 2030.
Les Etats membres accepteront-il ce « diktat » technique qui impose une fausse solution fondée sur des éoliennes et du photovoltaïque ?
Ubu roi en Europe ?
En 2020, la France a atteint une part de 19,1% d´énergies renouvelables dans la consommation finale brute d´énergie, mais elle est restée en-deçà de son objectif de 23% qu’elle s’est elle-même sottement fixée dans la directive 2009/28/CE.
Bien qu’en matière d´énergie et de climat, la France ait quasiment réalisé ses objectifs pour 2020 (sauf pour la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d´énergie), les Français risquent pourtant de payer cher les objectifs imprudents fixés par leurs représentants à la Commission européennes.
Pour l’avenir, la France s´est engagée à atteindre une part de 33% d’EnR dans la consommation finale brute d´énergie à l´horizon de 2030 mais, pour le moment, elle est loin de la trajectoire (voir graphique ci-dessous) qui permettrait d’y parvenir. Ses représentant à la Commission européenne pourraient écrire collectivement un livre intitulé : « De l’art de se tirer une balle dans le pied »…
Décidément, alors que le gouvernement tente de préserver le pouvoir d'achat des Français à grands renforts d’argent public, Ubu est roi dans cette Europe de l’énergie qui s’affiche de plus en plus comme un théâtre de l’absurde.